A 17 000km de la mère patrie, la chaleur et la bière aidant, les australiens ont bien torturés la langue de Shakespeare. Même a 2h de Sydney, il commence à être difficile de comprendre ce qu’on vous cause. Et pour cause (!) entre l’accent et le vocable, il faut bien tendre l’oreille si l’on veut discerner des sonorités familières. Bref, aujourd’hui c’est la minute culture, on te dit comment parler australien comme un vrai bloke. Oy!
La manie de tout raccourcir
Apparemment les australiens n’ont pas le temps de refaire le monde, donc plus vite c’est dit mieux ils s’en portent. Ici, tout est matière à être abréger, bienvenue dans le monde merveilleux de l’Australian Slang :
- Afternoon : Arvo
- Australian : Aussie
- Australia : Straya
- Chewing Gum : Chewie
- Cup of Tea : Cuppa
- Football : Footy
- Sandwich : Sanga
- Hollidays : Hollies
- Barbeque : Barbie
Ça marche même pour les noms propres, par exemple Mac Donalds devient Maccas, Jonathan, Jonty etc.
Bref on ne va pas tous les faire, le mieux c’est encore de regarder cette vidéo. Là tu vas comprendre.
Pour se fondre dans la populace on prendra bien soin de remplacer very par « heaps » (« my vacation was heaps good »), d’interloquer par le fameux « hey mate », de dire « cheers » en toutes occasion (pour remercier, lever un toast etc), de saluer par « How’s it goin? » ou « how ya goin? », de dire au revoir par « have a good one » ou tout simplement « g’day » (qui veut aussi dire bonjour). Si vous êtes surpris, dites « crikey! ». Et pour tout le reste, il y a « no worries » à placer quand on ne sait pas quoi dire.
Pour l’accent, rien de tel qu’une bonne immersion. Ou ça.
On n’est jamais vraiment perdu en Australie
En arrivant sur l’ile-continent, les occidentaux ont été confronté à un problème inédit : donner des noms aux lieux et aux animaux qu’ils rencontraient. Ils s’en sont d’abord remis aux aborigènes ce qui donne une toponymie indigène couvrant environ 75% du territoire.
Cette pratique a été largement encouragé dès le milieu du 19e siècle. Un décret de Georges Gawler, gouverneur de l’Etat du South Australia, demandait ainsi aux explorateurs de relever systématiquement les noms aborigènes des lieux qu’ils visitaient… ces derniers s’exécutèrent mais firent de nombreuses erreurs soit en retranscrivant maladroitement la prononciation soit en inversant les nom, parfois d’un Etat à l’autre. ¯\_(ツ)_/¯
Les noms de lieux aborigènes font références aux histoires de leurs ancêtres, réunis dans le thème central du Dreamtime (Temps du Rêve) et transmis par la tradition orale depuis 40 000 ans. Dans la conception aborigène du monde, chaque événement laisse une trace sur terre et tout dans la nature découle des actions d’êtres métaphysiques qui créèrent le monde.
Les noms de lieux ont aussi un aspect descriptif très pratique : ils permettent de se repérer et donc de survivre sur un territoire gigantesque en désignant par exemple un puit, un abris, une plaine couverte de baies digestes ou de patates du bush…
Quelques exemples :
- Goondiwindi, « L’endroit où les oiseaux se reposent »
- Katoomba, «L’eau qui tombe et descend dans la vallée »
- Jerramungup, « L’endroit des grands eucalyptus »
- Wollongong, « Grand festin de poissons »
- Woolloomooloo, « L’endroit d’abondance »
- Wagga Wagga, « L’endroit où il y a beaucoup de corbeaux »
- Baw Baw, « L’endroit où il y a de l’écho »
Aujourd’hui les Etats encouragent à revenir à la l’étymologie indigène et on voit parfois les noms aborigènes cohabiter avec ceux anglo-saxons. Good news mais ca ne leur rendra pas leurs terres et leur histoire…
Le Temps du rêve
Dans la culture aborigène, le temps du rêve désigne l’ère qui précède la création de la Terre, une période où tout n’était que spirituel et immatériel. Selon les aborigènes le temps du rêve existe toujours et peut être atteint pour des besoins spirituels. Au travers du temps du rêve, il serait possible de communiquer avec les esprits et de déchiffrer le sens des mauvais présages, maladies et autres infortunes.
La plupart des tribus aborigènes croient que toutes les formes de vies, plantes, animaux et humains, font partie d’un vaste et complexe ensemble d’interactions dont l’origine remonte aux grands esprits des ancêtres de l’époque du temps du rêve, ce qui est une conception très réaliste et même avant-gardiste du monde et de la vie : un système dynamique complexe.
Pour les 25% restant du territoire, les australiens s’en sont remis à l’imagination des découvreurs, explorateurs et géographes… pas franchement inspirés !
« L’Australie » doit son nom à sa situation géographique (australis, du sud). De nombreux Etats et villes tirent leur nom actuel de la noblesse anglaise : Sydney doit son nom à Thomas Townshend, 1st Viscount Sydney, Melbourne a William Lamb 2nd Viscount Melbourne, Brisbane a Sir Thomas Brisbane, Darwin est nommé en hommage à Charles Darwin himself, les Etats du Queensland et du Victoria le sont en hommage à la Reine Victoria.
Quand on n’arrive pas à se mettre d’accord ou que l’on n’a personne sous la main, on opte pour le plus simple, ça évite les jalousies : ainsi en va-t-il des Etats du South Australia (au Sud), du Northern Territory (au Nord) et du Western Australia (à l’Ouest, contre toute attente).
Ensuite il y a la toponymie pragmatique. Au moins on est sûr de ne pas se perdre.
- The Edge of the World : ne désigne pas la fin du monde mais le point le plus à l’Ouest en Tasmanie.
- Big Bend : l’endroit où la Murray River fait un 180 degrés.
- Black Mountain, Queensland : une montagne…noire !
- Pink Lake, Western Australia : un lac…rose !
- Blue Mountains, New South Wales : des montagnes…bleues !
Et maintenant pour les what the fuck…
- Disappointement Hill, Western Australia : nommé en 1903 par un explorateur déçu de ne pas y trouver d’eau. Il a raison, on aurait aussi été déçus.
- Come by chance, New South Wales : car les deux premiers habitants y avaient acheté une ferme à prix imbattable.
- Banana, Queensland : pourtant aucune bananeraie en vue ce qui contrevient à la règle qui veut que les noms de ville soient descriptifs. En fait il s’agirait du nom d’un taureau resté dans la mémoire locale et dont la robe rappelait celle d’une banane.
- Eggs and Bacon Bay, Tasmania : ce n’est pas un surnom mais bien le nom officiel d’une ville ! Pourvu qu’ils y servent un bon brunch. En attendant le PETA voudrait trouver une alternative plus healthy: Apple and Cherry Bay.
- Tom Ugly, New South Wales : l’histoire ne dit pas si Tom était vraiment moche en tout cas quelqu’un ne l’aimait vraiment pas.
- Cockburn, Western Australia : on ne veut pas vraiment savoir.
Et nous dans tout ca ?

Laura s’entraine a parler americain.
Quant à nous (les français), on est toujours un peu surpris par les manières expéditives des Australiens : quand ils ont fini de te parler, il n’y a plus personne. Au téléphone, les conversations de moins de 30 secondes sont monnaie courante. Tant pis pour les politesses !
Il ne faut pas trop chercher à débattre non plus, l’Australien considérant les discussions trop animées comme la peste. Les sujets de conversation tournent donc rarement autour de la politique, de la société ou de l’argent. Tout ce qui peut fâcher, on le garde pour soit.
Allez, il est l’heure d’aller surfer.
xoxo