On est monté en haut d’un volcan en activité ! Puis on s’est perdu dans le brouillard. Mais nous revoilà pour vous raconter comment nous avons survécu.
Paysages lunaires
L’Etna est le plus grand et le plus haut volcan actif d’Europe. C’est aussi le deuxième volcan le plus actif du monde après le Kilauea à Hawaii. Il domine la ville portuaire de Catane (régulièrement recouverte de cendres) et sa province allant de la côte ionienne aux vastes campagnes interrompues par des plantations d’agrumes, des vignobles, des bois de châtaigniers et de chênes. Depuis le sommet – 3 330m – on peut voir une grande partie de la Sicile et l’île de Malte située à 210km.
Ce « stratovolcan » est composé d’une multitude de volcans qui sont apparus successivement en se juxtaposant, le dernier cratère, et le plus actif, datant de 2007. D’où sa forme très irrégulière faite de monts, de cratères, de grottes, de vallées et de falaises à pics qui ne cessent d’évoluer : le sommet s’est ainsi élevé d’une centaine de mètres en un siècle.
Plus on s’en approche, plus le paysage devient lunaire. Cependant, la fertilité de la roche volcanique permet à des vergers d’orangers et de citronniers de s’emparer des pentes dans la partie basse. On trouve également une dizaine d’espèces endémiques dont les étranges Astragalus siculus, qui ressemblent à de primitives et lilliputiennes forêts. Au delà de 1500m, le paysage est entièrement désolé… excepté pour les restes de la station de ski détruite en 2003, qui ajoute à l’ambiance des lieux. Car on peut skier au Mont Etna, en été (sur le sable) comme en hiver, lorsque la neige recouvre le sommet.
Nous avons préféré l’option randonnée : l’Etna est en effet accessible en voiture toute l’année, pourvu qu’il n’y ait pas d’éruption en cours. Au refuge de Sapienza, des guides déposent les touristes près du sommet dans des espèces d’autocar 4X4 tout droit sorti d’un film d’espionnage soviétique. De là, deux options s’offrent aux touristes : une excursion courte de 2h30 ou une plus longue et jusqu’au sommet si les conditions le permettent (environ 5h). C’est en réalité rarement le cas tant les conditions climatiques peuvent changer rapidement, comme nous l’avons appris à nos dépends !
C’est ce que nous avons choisi de faire après être un peu resté sur notre faim lors de la visite guidée. Nous revenons donc le lendemain, par grand beau, pour s’attaquer au sommet à pieds depuis le refuge. Nous suivons une pente raide sablonneuse où les pieds s’enfoncent jusqu’au chevilles, ralentissant la marche. Le sommet semblent fuir à mesure que nous avançons. Passé 1h30 de marche nous n’avons fait que la moitié, nous sommes à 2 300m d’altitude, il reste encore 1 000m !
En 1h30, le temps c’est un peu couvert mais rien d’alarmant, pensons-nous : les nuages sont encore loins et nous estimons arriver dans 1h. Nous continuons donc notre ascension avec une vue imprenable sur la vallée du boeuf, une magnifique et verdoyante caldeira de cinq kilomètres de largeur pour dix de long. Puis soudain, nous réalisons que nous ne voyons plus le parking et le refuge 1500m plus bas, ils ont été engloutis par les nuages qui remontent petit à petit de la vallée…
Nous sommes alors à 300m du sommet. Le temps de faire une pause, les nuages arrivent déjà sur les pentes du volcan, comme une avalanche à contre-sens. En quelques minutes le soleil disparait sous un voile épais et nous ne voyons plus à 2m devant nous ! On ne réalise pas à quel point les nuages peuvent être opaques… A ce moment, plus question de sommet, il faut redescendre.
Nous dévalons le versant à toute vitesse dans de grandes enjambées amorties par l’épaisse couche de cendres volcaniques. Sensation incroyable de courir dans les nuages en ne voyant pas vraiment où l’on va; mais on ne peut pas se tromper il suffit de descendre… en évitant les cratères et sans rater le parking ! Après les nuages, c’est un déluge qui tombe du ciel. Heureusement, en moins de 20min de course nous avons déjà dévalé les 1500m de pente. Nous voilà de retour à la voiture, trempés, essoufflés et heureux.
Le reste de notre séjour en Sicile sera tout aussi pluvieux, froid et brumeux. Il faudra revenir en été !
A voir
Le Mont Etna et la vallée du boeuf. Un conseil, munissez-vous de bonnes chaussures de marches (vos baskets ne feront pas l’affaire) et d’une polaire + coupe vent, ça caille à 3 000m… et attention, c’est très raide si vous comptez tout gravir à pieds.
Les Grottes de l’Alcantara, qui se sont formées au fil des siècles grâce à l’action érosive des eaux froides du fleuve portant le même nom. Malheureusement, site gâché par le tourisme et le bétonnage, comme de nombreux autres sites en Sicile.
La ville portuaire de Taormina, un village carte postale qui a servi de décors au Grand Bleu. Encore une fois, très attrape-touriste et difficile d’y venir en voiture : il faut se garer dans un parking situé en bas de la ville puis prendre une coûteuse navette.
La plage d’Isola Bella en contre-bas de Taormina. C’est un spot de plongée et un spot de Psicobloc : premier petit secteur sur la plage du Grand Hotel Mazzaro; second secteur, plus intéressant et très beau à la Grotta Azzuro, accessible en bateau ou la nage. Sinon, la plage n’est pas franchement paradisiaque, gâchée par les détritus.
Les petits villages perchés dans les environs de Taormina, dont Savoca, qui a servi au tournage du Parrain II, mais aussi Forza d’Agro et Castelmola. Nous avons été un peu déçus, par ces villages laissés à l’abandon, où il n’y a pas âme qui vive et où toutes les maisons semblent être à vendre. Tans pis !